Le parcours de Vinz, développeur de plug-in chez Pulsar Audio

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Fabien FONS :

Bonjour à tous, bonjour à toutes, bienvenue dans ce nouveau podcast audio sur le blog uTips. Bonjour Vincent.

Vincent Travaglinni :

Bonjour Fabien.

Donc j’ai le plaisir de t’accueillir aujourd’hui. Tu es à la fois développeur de plug-in et ingénieur du son, notamment musicien également. Tout à fait. L’idée c’est qu’on va créer une série de podcasts ensemble comme on a fait avec Brain. Donc tu es aussi sur Grenoble. Tout à fait. Et est-ce que pour commencer tu peux nous décrire un peu ton parcours, comment tu es arrivé à développer des plugins, comment tu es arrivé à sonoriser des groupes, à enregistrer des groupes, à faire du mixage, etc. Ça intéressera sûrement ceux qui se lancent dans un des métiers ou dans un autre. Ouais parce que j’imagine qu’il y a mille façons d’y arriver.

Vincent Travaglinni :
Probablement oui. Peut-être pas mille mais… Il y a beaucoup de façons d’y arriver, ouais tout à fait. Donc moi aujourd’hui je suis développeur de plugins, c’est mon activité principale, ça l’a été par le passé mais pas tout le temps. Au départ je suis musicien mais très vite j’ai été attiré par la technique parce que j’adorais quand j’étais gamin m’enregistrer sur du vieux matos, poser ce truc-là, trouver des esthétiques, bien ranger des vieux micros et j’étais très attiré donc par les métiers de technique du son. Et par flemme peut-être, parce qu’en tant que musicien il y a des contraintes de groupe, de répétition, un boulot énorme. J’ai été attiré par le fait d’être ingénieur du son parce que c’est peut-être plus simple d’un côté et il y a des problématiques techniques qui m’intéressaient beaucoup de l’autre côté.

Fabien FONS :
Donc t’étais un peu tiraillé dans les deux quand même ?

Vincent Travaglinni :
Probablement, mais il y a eu des déceptions de groupe qui ont fait que je suis passé de l’autre côté.

Fabien FONS :
Parce que t’as pensé quand même faire une carrière de musicien ?

Vincent Travaglinni :
Je sais pas si j’ai pensé faire une carrière, mais au début j’étais musicien. Quand je suis arrivé sur Grenoble, j’étais guitariste, je jouais dans des groupes, je faisais de la composition et puis à un moment j’ai viré. J’ai commencé la musique vers 5 ans. Mes parents m’ont mis au conservatoire : éveil musical, clarinette, parcours complet. Ça m’a énormément aidé ensuite quand j’ai monté des groupes avec mes copains de collège. Et quand je suis arrivé ici, je voulais jouer de la musique, mais il y avait des problématiques humaines dans les groupes qui m’ont un peu refroidi.

Fabien FONS :
Ouais, par exemple ?

Vincent Travaglinni :
Les problèmes d’ego. Tous ceux qui ont monté un groupe savent que ça peut être difficile. Et du coup je me suis orienté vers la technique, j’ai trouvé des groupes, je suis parti sur la route avec eux. D’abord en studio pour faire des maquettes et des albums, puis en tournée. Je me suis plongé là-dedans.

Fabien FONS :
Au niveau des compétences en tant qu’ingé son, tu t’es formé comment ? École, autodidacte, mélange ?

Vincent Travaglinni :
Moi j’ai fait une école d’ingénieur, je suis plutôt scientifique, donc tout ce qui est physique du son, je connais. C’est pas très compliqué en soi. Mais la pratique des techniques du son, c’est autre chose. Comme dans tout domaine théorico-pratique, les deux sont importants. J’ai appris sur le tas. Je suis autodidacte dans beaucoup de domaines. Les écoles d’ingé son, c’est très bien car ça permet de pratiquer sur du matériel, mais de toute façon quand tu apprends, tu es tout seul. Je me suis lancé, parfois j’ai peut-être un peu menti sur ce que je savais faire ou pas, et c’est comme ça qu’on apprend.

Fabien FONS :
Tes expériences les plus enrichissantes, c’est en studio ou en live ?

Vincent Travaglinni :
Toutes les expériences où je suis tombé sur du très gros matos et des gens très pédagogues. En live, tu arrives parfois sur une console monstrueuse, plus rare aujourd’hui mais très fréquent à l’époque : grosses consoles analogiques, racks de périphériques infinis. J’avais lu dans des bouquins comment ça marchait, mais j’allais trop lentement. Les mecs m’aidaient beaucoup, et c’était super formateur. En studio, pareil : je savais comment ça marchait, mais avoir quelqu’un qui te conforte dans tes choix, t’aide à affiner les placements micros, les choix esthétiques, ça m’a énormément aidé. Ce sont des rencontres humaines avant tout.

Fabien FONS :
Et du coup, côté ingé son, t’as pu sonoriser des groupes sympas, faire des disques ?

Vincent Travaglinni :
Oui. J’ai trouvé une limite à un moment : ce n’était pas ma destinée de faire 100 % ingénieur du son. Mais j’ai fait beaucoup de choses, énormément de disques et de concerts. J’ai passé beaucoup de temps sur la route et en studio. Et quand je suis entré en école d’ingénieur, j’avais moins de temps pour tourner, donc j’enregistrais chez moi et j’ai découvert les plugins audio. Ça a été une révélation. Comme dans les années 80 quand tu achetais un nouveau rack en studio : tu étais comme un fou. Là je téléchargeais des plugins crackés, c’était Noël. J’ai eu très vite envie de m’orienter vers le traitement audio.

Fabien FONS :
T’as commencé à craquer les trucs parce que t’avais pas le choix niveau budget ?

Vincent Travaglinni :
Oui, c’est le jeu. Tout le monde sait qu’au début de l’enregistrement numérique, les éditeurs laissaient leurs softs crackés circuler pour se faire connaître. Aujourd’hui je sors des plugins : je peux pas en vouloir aux gens qui les téléchargent crackés s’ils ne font pas de sous avec. J’ai commencé comme ça, j’ai appris comme ça, et j’ai eu envie d’en fabriquer. Mon premier plug-in était probablement un filtre ou un equalizer. Au début, tu prends les exemples fournis avec VST sur Cubase, tu fais un gain avec un slider, et tu es super content. Puis tu passes à des filtres, puis à des trucs plus complexes.

Fabien FONS :
C’est long à faire un filtre pour débuter ?

Vincent Travaglinni :
Oui, pour quelqu’un qui ne connaît pas le domaine, c’est complexe. Il y a beaucoup de problématiques techniques.

Fabien FONS :
Alors comment ça évolue ensuite ?

Vincent Travaglinni :
Après mon école d’ingé (électronique), je fabriquais des pédales de guitare, du hardware, mais pas encore du développement audio. En stage, j’ai été pris chez Arturia. Ils sortaient un synthé numérique et je devais programmer des FPGA pour gérer les flux audio et les boutons. L’ingénieur en traitement du signal est parti, j’ai eu l’opportunité de prendre sa place. Je me suis formé tout seul. J’y suis resté environ six ans.

Fabien FONS :
Et là tu étais vraiment développeur officiel de plugins ?

Vincent Travaglinni :
Oui. Quand tu bosses sur des plugins vendus commercialement, tu te dis que c’est ça que tu veux faire. Et ça m’a passionné.

Fabien FONS :
Et après Arturia ?

Vincent Travaglinni :
Je suis reparti en tournée, freelance, puis j’ai rejoint une boîte fondée par un ancien d’Arturia : Eiosis, jumelée avec Slate Digital. Là on faisait de la modélisation très haute qualité. On mesurait de vieux matériels et on reproduisait absolument tous les défauts.

Fabien FONS :
Tu peux citer quelques plugins ?

Vincent Travaglinni :
FG-X (maximizer de mastering), VCC (émulation de tranches de console)… C’était un gros boulot. Il y a plusieurs approches : certains partent des schémas, d’autres — comme nous — mesurent tout, y compris les défauts non prévus. Ces micro-défauts créent le côté organique.

Fabien FONS :
Et aujourd’hui, quel conseil pour quelqu’un qui veut se lancer dans le développement de plugins ?

Vincent Travaglinni :
Être transversal : programmation, son, musique, maths. Tu ne peux pas faire un EQ sans comprendre la musique. Il faut toucher à tout. Pas forcément école d’ingé, mais il faut ces compétences. Et beaucoup de curiosité.

Fabien FONS :
Et pour devenir ingénieur du son ?

Vincent Travaglinni :
Même chose : transversalité. Connaître la musique, la physique du son, un peu l’électronique. Et bosser avec du bon matériel tôt. Pas forcément des micros à 10 000 €, mais éviter le matos trop bas de gamme. Ça fausse l’oreille et les problèmes.

Fabien FONS :
Peut-on être ingénieur du son sans être musicien ?

Vincent Travaglinni :
Pour de la radio parlée, oui. Pour la musique, non : pas forcément instrumentiste, mais au moins mélomane, comprendre les codes esthétiques d’un style, la dynamique, le relief sonore.

Fabien FONS :
Merci pour ton histoire et ton parcours. À très bientôt pour la suite.

Vincent Travaglinni :
À la prochaine. Salut.

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