Voici la transcription complète où j’ai conservé les timecodes au début de chaque prise de parole, mais sous une forme plus simple, juste à côté du nom de l’intervenant :
Fabien Fons (00:00) Bonjour, bienvenue dans ce nouveau podcast sur le blog YouTips. Bonjour Fred. Salut Fab. Comme d’habitude, pour ceux qui nous rejoindraient, je rappelle que tu es ingénieur du son sur Grenoble, on t’appelle aussi Brain. Et donc on réalise une petite série de podcasts sur tout ce qui est technique du son, mixage, mastering, prise de son, etc. Et aujourd’hui on va aborder un nouveau sujet, le mixage, le mastering. C’est un sujet évidemment énormément vaste. Comment toi t’abordes ces deux pans de la production? Le mixage, le mastering, est-ce que c’est pour toi vraiment des étapes complètement séparées? Alors peut-être suivant les styles de musique ça change aussi, globalement quelle est ton approche?
Fred Monestier (00:42) Alors, moi, je pense que c’est assez vital d’avoir un petit peu une idée de… Le mastering, c’est ce qui va donner le produit final. Donc, de toute façon, quand on mix, soit pour le client qui va écouter, soit pour soi-même pour se rendre compte un peu, une fois fini, comment va sonner son mix, c’est important un petit peu de lier les deux. Effectivement, moi il y a des projets où je fusionne l’étape du mixage et du mastering, bien que ce soit un peu bizarre, parce que moi je trouve que ça ne fait pas appel aux mêmes choses au niveau de l’écoute. Quand on est sur le mastering, on n’écoute pas la même chose que quand on est sur le mixage bien entendu. Donc c’est un peu un jonglage de l’esprit qui est un peu bizarre et qui demande un petit peu de la rigueur. Il ne faut pas confondre ce qu’on cherche dans le mastering, ce qu’on cherche dans le mixage. Quand on mélange un peu les deux, on a vite tendance à se… on peut se perdre facilement. Mais je trouve par contre que… c’est important de… quand on mixe de… alors, le mastering ça peut être très très basique. Le mastering qu’on va appliquer à un mixage ça peut être juste un limiteur déjà. Juste un limiteur, ça veut dire grappiller un petit peu de niveau déjà sur son mix. Et puis voir un peu comment son mix se comporte quand il se prend un mur. Parce que le limiter pour moi c’est ça, c’est un mur finalement qui va retenir un peu les crêtes et qui va qui va faire remonter le niveau moyen un petit peu et puis qui va permettre d’avoir un son plus fort entre guillemets. Donc c’est très important de l’entendre quand on mixe parce qu’effectivement…
Fabien Fons (02:25)
- Tu veux dire des fois tu mets juste un limiter pour avoir la sensation de…
- Exactement.
Fred Monestier (02:29)
- …ça va avoir et après tu le désactives quoi.
- Exactement. Voilà tout à fait, oui je vais pas le garder sur mastering, bien qu’aujourd’hui on se permet beaucoup plus de choses qu’avant je trouve par rapport aux… mais bon c’est un autre sujet mais je veux dire voilà je pense que c’est important de… moi je commence généralement toujours un mix sans processing de mastering dessus, je… voilà, quand je commence à avoir un équilibre qui me commence à être intéressant, quand je commence à avoir des bonnes sensations, sans aller beaucoup plus loin, je vais faire un voilà peut-être un petit peu de compression, un petit peu de limitation.
Fabien Fons (03:09) Est-ce que dans ce cas là tu passes carrément comme en mastering ton son dans des périphériques externes déjà? Oui ça arrive. Déjà en mixage?
Fred Monestier (03:19) Oui, c’est très rare moi de toute façon, enfin ça n’arrive plus jamais de mixer et de rien avoir sur le bus master quoi, que ce soit sur un mix avec une console ou un mix d’ordi. Dans les deux cas, pour moi le processus est le même.
Fabien Fons (03:36)
- Donc t’as toujours une démarche d’aller chercher une couleur un peu?
Fred Monestier (03:40)
- Bah ouais parce que déjà de toute façon, la première raison que je vois ça c’est effectivement que le musicien après qui va écouter ton mix, il va avoir besoin de quelque chose de comparable à d’autres choses en fait. Donc si tu lui donnes un mix avec pas de niveau, avec une dynamique trop importante etc il va arriver dans sa voiture ce sera pas bien quoi il va il va mettre ça sur son téléphone etc ce sera pas bien parce que ce sera ce sera pas dans le monde réel de tous les optiques
Fabien Fons (04:07) qui va écouter quoi.
- En même temps c’est pas l’objectif d’un mixage d’être disponible sur un téléphone.
- Non mais c’est
Fred Monestier (04:12) ah bah oui bah si pourquoi pas pourquoi pas faut que le mix il soit bien partout.
- Oui je veux dire
Fabien Fons (04:17) normalement c’est en fin de mastering quoi que le produit.
- Ouais mais aujourd’hui les gens écoutent
Fred Monestier (04:22) ça sur… Moi je conseille toujours aux artistes d’écouter ça sur leur point d’écoute habituel, ça veut dire sur leur casque d’iPhone, sur leur laptop, sur leur petite enceinte chez eux qu’ils ont pour écouter de la musique etc. Je trouve c’est… voilà. Et pour comparer, effectivement, il faut avoir un pseudo mastering tout de suite quoi. D’accord. Et moi je trouve que c’est… voilà, ça donne vraiment des bons repères sur… là où il y a des nœuds en fait, dans ton mixage un peu, des nœuds fréquentiels, c’est à dire que s’il y a trop de graves par exemple, bon ben on va voir que le limiteur va très mal se comporter parce qu’il va tout de suite trop écraser, puis il va fermer le mix encore plus, il va faire un truc… Donc ça permet de se dire “ah ouais, ben en fait non, là j’ai trop de basses à cet endroit-là, etc.” Donc c’est vrai que ça donne…
Fabien Fons (05:15)
- Tu mets de la compression aussi?
- Ouais ouais, aussi subtile qu’elle peut être,
Fred Monestier (05:19)
- Oui, il faut retenir un petit peu.
Fabien Fons (05:21) Et alors, je trouve qu’en plus, c’est vrai que chronologiquement, je mix sans…
Fred Monestier (05:26) À un moment donné dans mon mix, je commence à mettre des choses sur le bus master, sur le bus de mixage, et ensuite je continue mon mix. Je trouve que c’est assez intéressant parce qu’une fois qu’il y a ces éléments sur le bus, ce qu’on va faire, forcément ça va être influencé par ces éléments qu’on aura rajoutés. Ça veut dire… et ça va donner des indications hyper précieuses sur les niveaux, par exemple, je sais pas, un grosse caisse-caisse-clair par exemple, qui va peut-être paraître sur un mix trop fort, mais une fois masterisé, en fait, on va se dire “ouais mais en fait tous les autres éléments sont un peu revenus et en fait ma grosse caisse et ma caisse-clair qui me paraissait un peu forte sur mon mix, finalement sont au bon endroit”. Parce qu’elles se sont fait rattraper par… la compression a fait que tout l’arrière-plan on revient, les voix ressortent un peu mieux, on a gagné en clarté, etc. Et finalement, les éléments qui paraissaient un peu forts se mettent à leur place.
Fabien Fons (06:19) Ça veut dire que ça change ta manière de mixer aussi? Ouais. T’as cette grosse caisse et cette caisse claire, tu l’as peut-être moins les compressés dans ta séquence de mix?
Fred Monestier (06:26) Exactement, ouais, complètement. Moi, ça me donne vraiment des billes pour reprendre mon mixage et pour le poursuivre. Donc c’est vrai qu’au début, le mixage, moi je pense qu’il ne faut pas commencer un mixage avec ces éléments-là, parce que pour la bonne et simple raison que les processings de mastering qu’on va mettre, si on les met trop tôt, on ne pourra pas les régler comme il faut parce que le mix encore trop on n’aura aucun point de repère quoi. Mais effectivement moi j’utilise ça systématiquement.
Fabien Fons (06:57) Donc tu n’as plus un seul projet où tu finis le mixage sans qu’il y ait quelque chose sur le master?
Fred Monestier (07:01) Non, complètement. Et après généralement quand j’ai fini le mixage proprement dit, je vais me repencher uniquement sur ce processus de mastering que j’avais fait. Alors soit je vais aller plus loin, soit il va être déjà très bien et je vais juste le peaufiner en fait, mais certaines fois en fait le master que j’ai intégré à mon mix est quasiment fini. Et pour la petite histoire, l’un des premiers en France à avoir fait ce truc là, et ça m’avait beaucoup intrigué c’est Domique Blanfrancard qui est un âgé son très connu parisien qui a un CV pas possible et qui a fait des très très belles choses au niveau du son sur de la chanson française principalement mais sur des tas de choses et c’est un des premiers en France où j’ai lu des interviews des choses etc où je voyais qu’il travaillait de cette manière là quoi il fusionnait vraiment l’étape de mastering mixage alors moi il y a une période je trouvais ça un peu vraiment bizarre me disait “mais comment il fait?” etc.
- Parce qu’avant tu ne faisais pas ça du tout.
- Non non non non non j’ai pas fait ça, non je faisais pas ça du tout ouais. Mais avec la manière de travailler aujourd’hui c’est que c’est plus facile, on peut plus facilement retoucher un mix qu’avant etc. parce que les mémoires le permettent etc.
- Et donc c’est lui qui t’a…
- Bah à l’époque c’est lui où je me suis dit “tiens il fait ça, pourquoi il fait ça? C’est curieux, comment il s’en sort? Qu’est-ce qu’il utilise?” Et puis j’avais la chance de travailler avec lui une fois, d’assister à du… Il avait mixé des choses que j’avais enregistrées ici et du coup j’ai bien compris en fait comment il utilisait ce truc là. Et effectivement, c’est pour toutes les raisons que je viens de citer quoi. Et puis c’est vrai qu’effectivement, la boîte de prod qui commande un mixage à Blanc-Francard, quand ils écoutent, ils sont contents parce qu’en fait ils ont un truc qui est quasi définitif à 95%, c’est plus facile à écouter en fait. Du coup, quand t’as les clients qui te demandent juste un mixage,
Fabien Fons (08:56) ça arrive quasiment jamais, j’imagine que tu fais les deux. Moi je dis toujours, quand on me demande
Fred Monestier (09:01) que du mixage, effectivement, je vais toujours donner ma version finie et le mixage sans mon processing de mastering. Et ça sera à la gestion future de mastering de faire aussi bien que moi
Fabien Fons (09:13) ce que j’avais fait et mieux. Tu donnes les deux fichiers. Ouais c’est ça, je vais donner pour
Fred Monestier (09:18) écoute la version pré masterisée et je vais donner le mixage brut où j’enlève tous les trucs quoi où je vais garder s’il y a vraiment un EQ qui fait partie intégrante du mixage par exemple sur la couleur et tout je vais le laisser quoi mais je vais éviter de casser la dynamique je vais enlever
Fabien Fons (09:35) tout ce qui empêche un peu de le mix de vivre quoi. Et par exemple tu envoies des stems aussi
Fred Monestier (09:42) ou c’est un fichier stéréo? Moi je travaille pas que des stems, c’est un truc qui me dérange en Je trouve que c’est un truc qui est arrivé, c’est assez récent comme principe et ça me dérange fondamentalement parce que je trouve qu’en son aujourd’hui, on repousse énormément les décisions. C’est-à-dire, comme on peut tout enregistrer facilement, donc on va mettre 5 micros sur l’ampli guitare, 25 micros sur une batterie, au lieu de faire des choix un peu systématiques, on garde tout. Moi je me retrouve des fois des mix où en fait ma première journée de mix c’est déjà choisir qu’est ce que je vais utiliser parce que j’ai toutes les options possibles et j’en ai trop en fait. On passe plus de temps à vraiment voilà moi je préfère avoir des choix si c’est pas les bons c’est comme ça mais les gens choisissent qui sur le moment leur paraissait le plus judicieux c’est beaucoup mieux. Donc les stems je trouve que c’est un peu voilà on n’est pas sûr de son mixage donc qu’on laisse à la gestion de mastering le choix encore de revenir là dessus. Non, moi je trouve que les trois étapes, l’enregistrement, le mixage, le mastering sont trois étapes qui doivent perdurer. Je pense qu’elles ont du sens en fait et quand on commence un peu à mélanger les étapes c’est intéressant mais pas au niveau des stems.
Fabien Fons (11:01) Donc mixage, mastering c’est quand même des étapes bien séparées mais…
Fred Monestier (11:05) qu’on peut aborder ensemble. Paradoxalement mais ça peut.
Fabien Fons (11:11)
- Écoute Fred, merci pour ce petit épisode.
Fred Monestier
- Pas de problème, avec plaisir.
Fabien Fons
- À très bientôt.
Fred Monestier
- À très bientôt.
Les notions essentielles à retenir du podcast sur le mixage et le mastering
Ce podcast explore la frontière entre mixage et mastering, traditionnellement séparés, mais que Fred Monestier aime aborder conjointement.
1. Lier le Mixage et le Mastering (Workflow)
- Anticiper le Résultat Final : Il est vital d’avoir une idée du produit fini (mastering) dès l’étape du mixage.
- Fusion partielle : Fred Monestier fusionne souvent les deux étapes en intégrant des traitements de mastering directement sur le bus de mixage (bus master).
2. L’utilisation précoce du limiteur et du compresseur.
- Le “Pseudo Mastering” : Dès qu’un équilibre de base est trouvé dans le mixage, il applique un limiteur et une légère compression sur le bus master.
- Comportement face au “Mur” : Le limiteur permet de voir comment le mix se comporte face à un mur de niveau (la saturation). Cela révèle immédiatement les problèmes de fréquence (ex: trop de graves) qui seraient masqués par une trop grande dynamique.
- Référence d’Écoute : Cela permet aux musiciens (et à soi-même) d’écouter le mix sur des équipements courants (téléphone, voiture) avec un niveau comparable aux autres productions commerciales.
3. L’impact sur le mélange lui-même
- Décisions influencées : Avoir les traitements de mastering actifs sur le bus change la manière de mixer. Par exemple, certains éléments (grosse caisse/caisse claire) qui semblaient trop forts au départ se retrouvent à la bonne place une fois que la compression globale a fait remonter l’arrière-plan du mix.
4. Le Rejet des Stems
- Maintenir les Étapes : Fred Monestier insiste pour que l’enregistrement, le mixage et le mastering restent des étapes distinctes qui ont chacune leur sens.
- Faire des Choix : Il s’oppose à l’envoi de stems (sous-groupes) au mastering, car cela repousse les décisions et laisse l’ingénieur de mastering revenir sur les choix de mixage, ce qui est contraire à sa philosophie.
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